Fondation
Lorsque l’équipe de la Fondation Bordeaux Université m’a soumis le projet de proposer une toile pour la Fondation, j’ai immédiatement accepté et ai pensé à la conférence de Cynthia Fleury et Mireille Delmas-Marty à laquelle j’avais assisté en 2014 dans le cadre de la chaire Deleuze. Le professeur Kantor m’y avait convié. Il avait croisé la jeune philosophe quelques temps auparavant dans le cadre d’une conférence consacrée à la question de l’Autre. C’était alors mon premier contact avec la Fondation. J’en garde encore aujourd’hui le souvenir d’un moment de partage et de réflexion entre deux femmes lumineuses et libres. Elles avaient introduit leur dialogue qui traitait d’environnement, de droit et de philosophie par la question de la peur.
Lorsque j’ai débuté cette toile, les idées de culture, de savoir, d’enseignement, d’échange, de dialogue et de partage se sont naturellement imposées à moi, mais rapidement, et de manière plus inattendue, elles se virent associées à celles de spiritualité, de connaissance de soi et du monde. J’ai alors repensé au vieux mexicain Mali et au Matrimantir dont il m’avait parlé lors de notre rencontre à Grenade. Au cours de nos entretiens, il me confiait les souvenirs des années qui l’avaient conduit du Mexique à Pondichery pour participer à ce qui deviendra l’aventure spirituelle, intime et définitive de sa vie. Sa participation à la construction de la ville d’Auroville, dont le Matrimendir est le temple, contribua à sa propre construction. Cet édifice de marbre blanc, immense et sphérique repose sur des rampes concentriques permettant l’accès au cœur de l’édifice, le cristal de la chambre intérieure, la connaissance sans doute.
Je travaille à l’Université de Bordeaux. J’y ai suivi tout mon parcours universitaire. Je crois en avoir exploré de nombreux recoins. Lors de la préparation de “Fondation”, les images de l’Université se sont bousculées. Les volutes du portail de la faculté des sciences de Raymond Subes. La mosaïque de la cour d’honneur de la faculté de psycho-socio de la Victoire du mosaïste vénitien Jean-Dominique Facchina. Le vert de la Maison des arts de Massimiliano Fuksas de l’Université de Bordeaux Montaigne. Les grands amphithéâtres. Aula magna. Le grand amphi de Mathématiques. Le bois. Le bâtiment de mathématiques. La pelouse. Douce et fraîche. Les conférences. Les cours magistraux. Le vitrail du domaine du Haut-carré… Et puis, des livres. Beaucoup de livres. Dans le ciel et dans les têtes. L’attention. Des étudiants. Du public. Et enfin, une ligne. Une seule ligne. Comme une démonstration d’existence et d’unicité. Celle de notre Université. Lieu de partage et d’échange inaliénable où tous les êtres de bonne volonté peuvent enseigner, apprendre et vivre librement.
Jean-Luc Feugeas (2018)