espaces symboliques

 

Les ”Espaces symboliques” traitent de la relation du Sujet à son environnement. Il propose une pièce abstraite réalisée in situ et contextualisée dans l’espace urbain. Depuis un point de vue, les lignes de force et les trajectoires du paysage se prolongent en un espace abstrait. Le monde réel se double d’un monde imaginaire. Cette expérience géométrique invite ainsi à un dialogue entre une abstraction et le territoire. Le point de vue agit comme une porte vers le monde symbolique, autrement dit vers le monde de la parole comme le démontre Jacques Lacan dans l’expérience du “bouquet renversé”.  L’objectif de l’expérience est d’illustrer comment la cure psychanalytique est capable de modifier le Moi par le langage. Une boîte ouverte est posée devant un miroir concave. Un vase est posé sur la boîte. Un bouquet de fleurs est suspendu à l’envers dans la boite, invisible pour le Sujet. Depuis le point nominal, le jeu de miroir permettra au Sujet de voir le vase surmonté du bouquet de fleurs. L’espace réel se double d’un espace imaginaire. Cette expérience illustre pour Lacan la connexion du réel, du symbolique et de l’imaginaire dans la constitution du Moi. Ainsi, le vase – l’espace urbain, l’imaginaire – est le corps tel que le Sujet le voit dans le miroir ; le bouquet de fleurs – l’abstraction, le réel – symbolise ses désirs et ses pulsions – c’est ce qu’il y a dans le corps ; enfin, l’œil – le point de vue, le symbolique – est le Sujet lui-même.



« On est devenu soi-même imperceptible et clandestin dans un voyage immobile. Plus rien ne peut se passer, ni s’être passé. Plus personne ne peut rien pour moi ni contre moi. Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu’ils sont imaginaires, au contraire : parce que je suis en train de les tracer. Finies les grandes ou les petites guerres. Finis les voyages, toujours à la traîne de quelque chose. Je n’ai plus aucun secret, à force d’avoir perdu le visage, forme et matière. Je ne suis plus qu’une ligne. Je suis devenu capable d’aimer, non pas d’un amour universel abstrait, mais celui que je vais choisir, et qui va me choisir, en aveugle, mon double, qui n’a pas plus de moi que moi. On s’est sauvé par amour et pour l’amour, en abandonnant l’amour et le moi. On n’est plus qu’une ligne abstraite, comme une flèche qui traverse le vide. Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. ». Félix Guattari et Gilles Deleuze— Mille Plateaux, « Trois nouvelles ou “Qu’est-ce qui s’est passé ?” », p.244.


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